La fuite des Noldor

Manwë chasse les nuages noirs, mais Yavanna ne peut que constater la mort des Arbres. Elle avoue l’impossibilité de rendre leur lumière, mais ajoute que celle-ci subsiste dans les Silmarils et qu’avec un peu de cette lumière, elle pourrait redonner vie aux Arbres.

Alors Manwë et Tulkas interrogent Fëanor, mais ce dernier leur répond que s’il devait briser les Silmarils, il en mourrait, car il serait incapable de les recréer. Il ajoute qu’il considérerait les Valar comme les semblables de Melkor s’ils le forçaient à le faire.

Des messagers arrivent et les informent que Melkor s’est rendu à Formenos, où il a tué Finwë avant de dérober les Silmarils.

Alors Fëanor maudit Melkor et lui donne le nom de Morgoth, le Noir Ennemi du Monde. Il maudit également Manwë, qui l’avait fait venir à sa fête.

Morgoth et Ungoliant, en fuite, se rendent en Terre du Milieu. Alors qu’ils approchent d’Angband, Ungoliant comprend que Morgoth ne tiendra pas sa promesse et lui réclame tout le trésor volé à Formenos. Morgoth lui donne les joyaux, mais refuse de lui remettre les Silmarils. Ungoliant tente alors de l’étrangler avec ses fils. Morgoth pousse un cri si puissant que, dans les profondeurs des cavernes, les Balrogs l’entendent et viennent à son secours. Ungoliant s’enfuit en Beleriand, dans un ravin nommé Nan Dungortheb. Il est dit qu’elle y trouva la mort.

Quant à Morgoth, il regagne sa forteresse d’Angband, renforce ses défenses et développe ses armées, composées notamment d’Orques. Il se proclame Roi du Monde et sertit sa couronne des Silmarils.

À Valinor, les ténèbres règnent toujours. Les Valar restent silencieux, tandis que les Maiar et les Vanyar pleurent, et que les Noldor se lamentent.

Fëanor, malgré son exil, revient à Tirion et s’adresse aux Noldor. Il se proclame roi, son père étant mort. Il s’élève contre les Valar, leur reprochant de ne pas avoir su les protéger du mal. Il propose aux Noldor de partir combattre Morgoth afin de récupérer les Silmarils.

Fëanor prête serment avec ses fils de poursuivre quiconque détiendrait un Silmaril. Mais Fingolfin et son fils refusent ce serment. Son frère Finarfin tente d’apaiser les tensions. Galadriel, la seule femme présente, refuse elle aussi le serment, mais accepte l’idée de retourner en Terre du Milieu pour y régner sur son propre domaine. Fingon, fils de Fingolfin, partage cette opinion.

Un grand nombre de Noldor acceptent de suivre Fëanor. Manwë ne s’oppose pas à leur départ, ne voulant pas qu’ils croient être retenus captifs. Mais au moment du départ, de nouvelles tensions apparaissent. La majorité des Noldor suivent Fingolfin, qui accepte le voyage seulement parce qu’il est poussé par son fils et qu’il ne veut pas être séparé de son peuple. Finarfin suit également, mais avec encore moins d’enthousiasme. Environ un dixième des Noldor ne partent pas, par fidélité aux Valar et par attachement à leur cité de Tirion.

Un messager de Manwë vient à la rencontre de Fëanor et déclare que les Valar ne s’opposeront pas à leur départ, mais qu’ils ne les aideront pas non plus. Fëanor est désormais condamné à l’exil à vie. Il déclare alors qu’ils n’ont pas peur du danger et qu’eux, au moins, affronteront Morgoth.

Mais au cours du voyage, Fëanor s’aperçoit qu’il a besoin de navires. Il s’adresse alors aux Teleri, qui refusent de les suivre ou de leur prêter des embarcations, de peur de s’opposer aux Valar. Fëanor reproche à Olwë de trahir l’amitié entre les deux peuples. Olwë répond qu’il ne renie pas cette amitié, mais qu’il juge leur projet insensé et rappelle que les bateaux ont été construits de leurs mains grâce à l’enseignement des Valar. Il ajoute qu’ils tiennent à leurs navires comme les Noldor tiennent à leurs joyaux.

Un combat éclate entre les deux peuples, car Fëanor veut s’emparer des bateaux par la force. Fingon, arrivé ensuite sans connaître la cause du conflit, croit que les Teleri ont entravé le voyage des Noldor et se joint à la bataille. Les Teleri sont vaincus. Olwë fait appel à Ossë, mais ce dernier n’intervient pas, refusant d’arrêter les Noldor par la force.

Arrivés à la frontière nord de Valinor, une ombre noire se dresse devant eux — peut-être Mandos lui-même — et ils entendent la malédiction appelée le *Destin des Noldor*. Elle annonce un avenir sombre pour tous ceux qui partiraient. Mandos jure qu’ils ne récupéreront pas les Silmarils. Il est dit que, bien que leur immortalité soit acquise en Valinor, ils pourront mourir, ayant versé le sang de leurs frères. À leur mort, ceux qui comparaîtront devant Mandos y attendront longtemps. Ceux qui resteront en Terre du Milieu s’affaibliront et connaîtront le regret à la venue des Hommes.

Mais Fëanor s’écrie qu’ils tiendront leur serment et que leurs exploits seront chantés dans tout Arda.

Finarfin, attristé par la trahison de Fëanor envers Olwë, fait demi-tour et retourne à Valinor. Il y reçoit le pardon des Valar et se voit confier la gouvernance des Noldor. Ses fils, craignant la colère des Valar s’ils revenaient, restent auprès de Fingolfin.

Arrivés à Helcaraxë, la seule possibilité de traverser la mer reste les navires. Mais comme il en reste peu, Fëanor rassemble ses fidèles et part discrètement, abandonnant Fingolfin et les siens.

Les Noldor débarquent en Terre du Milieu, à l’entrée du Drengist, le bras de mer qui traverse Dor-lómin. Maedhros demande à son père Fëanor s’ils doivent renvoyer les navires pour récupérer ceux qu’ils ont laissés derrière eux. Fëanor refuse et fait brûler les navires.

Fingolfin voit l’incendie et comprend qu’il devra se débrouiller seul. Ils errent longtemps, jusqu’à ce que Fingolfin, ses fils, Finrod et Galadriel entreprennent l’exploit de traverser Helcaraxë. Beaucoup périssent, dont Elenwë, l’épouse de Turgon. Mais les autres parviennent finalement à destination.